
Abidjan, 10 déc (AIP)- Transformation, sensibilisation, conseil en techniques agricoles : la mise en œuvre du programme des filières agricoles et de la biodiversité (PROFIAB II) par la coopération allemande GIZ depuis 2015, a permis de ralentir le nombre d’agressions faites sur les parcs nationaux de la Comoé et de Taï , comme la pression agricole, la déforestation, le braconnage, et l’orpaillage clandestin, pour ne citer que les plus récurrentes.
« La Côte d’Ivoire est passée de 6 millions d’hectares de forêts en 1960 à 2 millions d’hectares aujourd’hui, or si la forêt régresse, la biodiversité est en danger. Ce projet vise justement la sauvegarde de la biodiversité », justifie Michel Aka, expert biodiversité du PROFIAB, rencontré par l’AIP au stand de ce projet lors du Salon international de l’Agriculture et des Ressources Animales d’Abidjan (SARA 2019) qui s’est tenu du 22 novembre au 1er décembre 2019.
Soutien logistique et formation comme appui à l’OIPR
Le PROFIAB vient en appui à l’Office ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR) pour développer des outils de gestion (SIG). Cela a permis notamment, grâce au conseil agricole, d’encadrer des exploitants agricoles présents autour des deux parcs nationaux en développant des filières à grands potentiel : le cacao, le manioc, et à la Comoé pour Taï, ainsi que l’anacarde, l’oignon et le riz pour la Comoé. Ce qui passe tout d’abord par la réhabilitation des vergers.
« Aujourd’hui, pour l’anacarde, on a changé toutes les banques d’images topographiques, mais on a mis en place des techniques de réhabilitation des vergers qui permettent d’augmenter le rendement de la production. Pour l’anacarde nous sommes passés de 200 kilogrammes à une (01) tonne, voire 1,3 tonnes à l’hectare », indique Michel Aka.
Ce qui permet aux producteurs d’avoir des surfaces à cultiver, sans pour autant défricher de nouvelles parcelles à l’intérieur des parcs nationaux.
Le PROFIAB enseigne également aux producteurs la culture d’autres plantes vivrières pour leur permettent d’avoir plus de revenus.
A cela s’ajoute la transformation de la pomme d’anacarde en des produits finis la consommation locale : jus, dêguê, alloco, viande végétale, confiture.

Comoé sortie de la zone rouge
Tous ces efforts techniques et financiers fournis par le PROFIAB ont permis, en juillet 2017, au Parc national de la Comoé de sortir de la liste rouge des aires menacées et recensées par l’Organisation Internationale de la Conservation de la Nature (OICN).
« Aujourd’hui, on n’y figure plus. Ça montre qu’en termes de suivi-écologique et de la biodiversité, il y a une évolution des espèces animales, il y a eu plusieurs inventaires aériens qui sont satisfaisants », se réjouit Michel Aka.
Dans ce parc, les éléphants qui avaient pratiquement disparus sont désormais près de 300 selon les statistiques nationales. Les lions commencent à revenir, ainsi que d’autres gros gibiers, note l’expert, pour qui « l’écosystème est en train de se reconstituer » dans cet espace.
Sensibilisation par le conte
Comme activité majeure de préservation des parcs nationaux, le projet mise surtout sur la sensibilisation, à travers une campagne dénommée « Notre affaire à tous ».
La stratégie, pour ce faire, est basé un conte intitulé « L’histoire de Papi Taï et Mémé Nature ». Il s’agit d’un récit écrit et audio, qui enseigne l’importance de l’environnement et de la conservation de la biodiversité. Une véritable exhortation des populations à éviter des actes comme l’orpaillage, le défrichage des aires protégées, le braconnage.
Des capsules radiophoniques développées en 11 dialectes sont offertes à des radios de proximité, et diffusées régulièrement par à ces médias.
Accords avec les riverains
Pour pérenniser ces acquis et annihiler la pression sur les parcs, les gestionnaires PROFIAB ont conclu divers accords avec les riverains pour un certain nombre d’accès à ces zones. Notamment pour faire la transhumance, se ravitailler en eau douce, ou bien ramasser certains fruits.
En se basant sur ces expériences réussies, le PROFIAB compte bien continuer après 2020 à réaliser ce transfert de compétences aux autorités ivoiriennes gestionnaires des Parcs et Réserves.
Au second trimestre 2020, une nouvelle période de coopération avec le gouvernement ivoirien devrait être paraphée.
D’ici là, de nombreuses actions de promotion de la transformation d’anacarde, manioc et oignons sont prévues dès le premier trimestre 2020.